POLITIQUE. Vice-président du Front national, Steeve Briois était à Saint-Cyr-sur-Loire (37) dans le cadre de la pré-campagne présidentielle de Marine Le Pen. Numéro 2 de l’extrême droite, à la fois maire d’Hénin-Beaumont et député européen, il est l’un des piliers du comité stratégique réuni par la candidate. En Indre-et-Loire, il est venu « mobiliser les troupes » (environ 150 militants) à quelques jours du début officiel de la campagne de sa présidente, prévu le 4 février prochain à Lyon. Worldzine était sur place.
La fin du régime
Début 2016, lors de ses voeux à la presse, Marine Le Pen annonçait une période de diète médiatique annuelle. Ses rares interviews et interventions ont ainsi provoqué un certain déséquilibre dans les temps de parole et d’antenne entre les prétendants à l’Élysée. Or cette épargne, notamment acquise en refusant les invitations (exemple avec l’Émission politique de France 2 le 10 novembre 2016), ne vaudra plus rien au 1er février. Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) s’apprête en effet à remettre les compteurs à zéro pour marquer le – véritable ? – début de la campagne. La primaire de la droite et du centre terminée, celle de la gauche quasi-achevée, Marine Le Pen devrait donc profiter de ses «économies» d’ici à la fin du mois de janvier.
Cette stratégie de communication, Steeve Briois l’assume. Et la défend même en en évoquant le contexte : « Est-ce utile de brouiller les messages pendant les campagnes des primaires ? ». Selon ses propres dires, ce retrait de la scène médiatique lui aurait permis de « travailler, rencontrer les Français » afin de « préparer ses propositions ». Le maire d’Hénin-Beaumont revendique un « électorat plus mobilisé que jamais » et se félicite donc de cette « stratégie, pour Marine, de revenir au bon moment ». Les effets positifs de sa cure médiatique, il les souligne dans les sondages en vantant le fait que « Marine Le Pen n’y a pas dévissé ».
Changement de programme
Mais dans les sondages, justement, un autre homme a la côte : Emmanuel Macron. Un imprévu qui change la donne dans le discours frontiste. Le président du mouvement « En Marche ! », qualifié de « bébé du système », était l’une des cibles de Steeve Briois. Sa macronphobie se quantifie : au total, 4 de ses 17 minutes d’intervention en conférence de presse (hors questions-réponses) ont été consacrées à l’ex-ministre de l’Économie – soit près de 25%. « On en a vu d’autres des Macron, a-t-il clamé : le Macron de 2002, c’était Chevènement. Puis il y a eu le Macron de 2007, François Bayrou, qui devait être élu dans un fauteuil car il était soutenu par le système ». Au cas par cas, les sondeurs seraient donc cette fois-ci priés de retourner à leurs études.
Côté communication, le Front national travaille toujours à sa dédiabolisation. Jusqu’à supprimer son propre logo, qui n’apparaissait sur aucune des affiches collées dans la salle. Pas plus que le nom Le Pen d’ailleurs, à l’inverse de la présidentielle de 2012. À se demander si Marine Le Pen souhaite toujours endosser le nom de son parti ? « Le Front National n’est pas sur les affiches parce que notre politique, c’est de rassembler tous les Français », tente de se justifier Steeve Briois. Quant à assumer son nom de famille, il répond qu’elle « fait de la politique toute seule, sans en référer à papa », qu’elle s’est imposée « en tant que Marine Le Pen, mais Marine avant-tout ». Et son paternel, Jean-Marie Le Pen, ne sera pas intégré à la campagne. Le seul souhait de Steeve Briois : qu’il « parte en vacances pour les cinq prochains mois ».
Article co-écrit avec Daryl RAMADIER, étudiant en journalisme à l’EPJT