RUGBY. Troisième round annoncé du Tournoi des VI Nations, et jamais le XV de France n’a semblé aussi menacé. Le match de ce soir face aux Italiens sera d’une importance suprême, à l’heure où l’hémorragie se propage au sein de l’équipe de Jacques Brunel. Deux défaites en deux matches certes. Et si le temps était à rêver d’un come-back incroyable sur ce tournoi ? Avec un soupçon d’optimisme, on peut, au-delà de s’épargner la cuillère en bois, entrevoir une fin de compétition solide et apaisée.
Une défaite « plus cruelle et moins méritée » selon les dires du sélectionneur suite au match face à l’Écosse. La plaie continue de saigner côté Français et ce après un hold-up raté grâce à la malice des Irlandais et d’un Sexton effroyable d’efficacité sur drop (13-15), et maintenant, lors d’un match que les Bleus ont perdu à eux tout seul chez de toujours valeureux Scottishs. Tout jouait ainsi contre les Bleus au lendemain de la défaite à Murrayfield (32-26).
La gagne n’était toujours pas au rendez-vous, constance et discipline manquant dans le jeu des Bleus et puis pour parachever le chef d’œuvre de désillusions, plusieurs joueurs étaient alpagués après une sortie nocturne qui a dérapé. Le constat est clair, les bringueurs ont été punis d’un match de suspension. Bémol, ces départs vont une nouvelle fois redistribuer les cartes et pousser le staff à revoir ses plans. Notamment en se passant d’un Teddy Thomas pourtant auteur de 3 beaux essais en deux rencontres voire de Picamoles qui s’il manque parfois de régularité restait une valeur sûre en troisième ligne. Belleau sorti lui-aussi du groupe, l’énigme de la charnière centrale reprend de plus belle. C’est l’expérience qui triomphe dans ce cas, Beauxis et Machenaud reviennent aux commandes soutenus sur le banc par Trinh-Duc et un autre petit jeune.. Baptiste Couilloud, Lyonnais de 20 printemps profitant de l’amas de blessés à l’infirmerie (Parra, Dupont, voire Serin qui paye son manque de fraîcheur).
Maîtrise des esprits
Le champ des possibilités semble s’amenuiser de semaines en semaines. Pourtant quoi de mieux pour mettre un stop à cette sombre série de 8 matches sans victoire qu’un duel face aux Italiens. L’ex-formation de Jacques Brunel a déjà encaissé 102 points depuis début février et fait montre d’énormes lacunes défensives. Le XV de France peut aisément ramener 5 points précieux du Stade Vélodrome avec le bonus offensif à la clé dès ce soir. « Il manque un petit quelque chose », rappelait Brunel il y a deux semaines. Force est de constater que les aptitudes sont globalement là. La défense a fait belle figure contre l’Irlande, puisant une force inimaginable sur les implacables temps de jeu de leurs rivaux du Trèfle. Il y a cependant un devoir de régularité à mettre en œuvre, ce qui n’a pas joué dans les sens des Bleus en Écosse. Là-bas, Greg Laidlaw s’est régalé du nombre de fautes commises devant l’en-but français, envoyant près de 6 ballons de pénalité entre les perches. Cette maîtrise des esprits est essentielle, et qui a porté ses fruits durant la seconde mi-temps contre les Irlandais ou la première manche à Édimbourg. Il suffira d’un « travail de sape » offensif et défensif comme indiqué par le capitaine Guirado pour les faire craquer.
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Expérience et sérieux
Le duel de latins vaut son pesant d’or quant à la constitution d’une structure solide en équipe A. Brunel a bien compris que l’occasion est parfaite pour lancer de nouvelles têtes dans son dispositif. Derrière, les alternatives ont de quoi convaincre. Vakatawa, pilote de l’arrière-garde française sous Novès, ne cesse de questionner quant à ses mornes prestations et son manque récurrent de sérieux défensif sur son aile. Grosso est ainsi un pari alléchant. Le cas Hugo Bonneval, en manque de rythme certes, n’est pas dénué d’intérêt à l’heure où le poste d’arrière manque d’un empereur des airs sur les ballons hauts, Palis ayant souffert sur ses deux premières titularisations tout comme Dulin auparavant. La paire de centre est pleine de promesses.
Quand Doumayrou mérite par ses prestations de revenir à son poste, le retour de Bastareaud peut donner de l’air dans la ligne de trois-quarts. Le Toulonnais est l’anti-Lamerat -suspendu- puncheur, franchisseur niveau poids-lourd, loin d’être un esthète, mais bourré d’expérience (il était là lors du dernier Grand chelem de 2010). Sa présence est légitime pouvant ouvrir des brèches pour sa ligne d’arrières. Le staff est sans nul doute adepte des bonnes vieilles recettes. Car concernant le pack d’avants, c’est avec des convictions que la composition a été mené : Slimani, Guirado et Poirot comme une évidence, la troisième ligne Camara (le retour du « dark destroyer » après son match de titan en Écosse ?)-Tauleigne-Lauret est relancée. Seule question, la deuxième ligne alors qu’Iturria s’était bien intégré avec Vahaamahina. Gabrillagues devra y faire ses preuves.
Il n’empêche qu’un match remporté à l’arrache sera un moindre mal. L’important dans ce squad aux qualités incontestables est de retrouver ce goût suranné de la victoire, qui avec ou sans la manière, peut très vite ouvrir un cercle plus vertueux.