EXPOSITION. L’immersion pompéienne proposée par le Grand Palais ne fait pas vraiment l’unanimité. WorldZine l’a constaté sur place, à Paris.
C’était une rétrospective temporaire qui devait embraser le Tout-Paris. Pourtant, « Pompéi » peine à convaincre. Si les visiteurs semblent être bel et bien au rendez-vous, les avis sont mitigés à la sortie de l’exposition. Il faut dire que depuis 79 après J.-C., la ville romaine fascine toutes les générations. Pilleurs, artistes et archéologues, sans oublier les Italiens, ainsi que les touristes du monde entier. Chacun s’approprie, à sa manière, la cité ensevelie par la lave volcanique et les pierres ponces. Difficile donc de répondre aux attentes de chacun.
Une exposition grand public
Repoussée, puis adaptée en raison du contexte pandémique, et finalement ouverte au public, l’exposition retrace la vie quotidienne des Pompéiens à la veille de l’éruption du Vésuve. Musique, nourriture et place des femmes ; le décor semble être parfait pour sortir des sentiers battus.
À renfort de mini-documentaires et de multiples animations photographiques ou en images de synthèse, le salon d’honneur du Grand Palais se transforme en une rue romaine. Avec quelques rares artefacts et plusieurs panneaux explicatifs ; qui au demeurant sont assez clairs, concis et pédagogiques. La rédaction a particulièrement apprécié la vidéo, très instructive, sur les inscriptions et autres graffiti réalisés par les Romains, un peu partout dans l’espace urbain. Deux écrans tactiles ajoutent un aspect interactif à la visite, avec des bornes de distribution automatique de gel hydroalcoolique. Des installations à découvrir jusqu’au 2 novembre 2020.
À noter qu’en marge de l’exposition, des paravents pédagogiques informent les visiteurs. Ils relatent les rudiments de l’archéologie au XXIème siècle, avant l’entrée de la salle et aux abords de la boutique.
Accessible sans être exhaustive
Si les simples curieux en prennent certes plein les yeux, le public averti lui, semble rester sur sa faim. Nul doute que si vous êtes spécialiste de la question ou tout simplement passionné par la période gréco-romaine, vous risquez de regretter l’achat de votre billet.
L’alliance entre le digital et les sources historiques a beau être relativement réussi, les pièces archéologiques présentées en chair et en os se comptent presque sur les doigts d’une main. Et les éléments explicatifs restent assez évasifs, voire trop succincts. Même si l’exposition se concentre surtout sur les nouvelles découvertes, exhumées depuis 2017, l’exposition manque foncièrement d’objets, d’après la majorité des visiteurs que nous avons interrogés. Et certains de surenchérir que même des copies auraient pu apporter un peu plus de richesse à l’évènement.
Quoi qu’il en soit, il y a bien un lieu qui semble cristalliser – ou presque – une certaine entente au sein des visiteurs. Il s’agit de la dernière domus. Réservée exclusivement à la projection numérique, elle arbore sur un pan de mur entier, entouré de miroirs, les plus belles fresques des maisons pompéiennes. Y compris celles du magnifique site d’Oplontis. Reste que les plus sceptiques soulignent le manque total de respect des dimensions originelles. Car c’est indéniable, les images projetées sont loin d’être à taille réelle. Mais ne leur en déplaise, des détails insoupçonnables deviennent alors limpides et transcendent la majorité des spectateurs ébahis.
Pour les plus déçus, le musée de l’Homme propose toutefois une façon de se rattraper. L’exposition temporaire « Dernier repas à Pompéi » (et à Herculanum, NDLR) signe un pari osé : celui de faire une exposition autour de restes alimentaires, datés de près de 1 950 ans. Des pièces souvent délaissées des grandes expositions qui sortent pour la toute première fois des frontières italiennes. Tout droit sorties des réserves du musée national archéologique napolitain.