MUSIQUE. En octobre 2016, Aliocha sort son premier EP, Sorry Eyes. Du même nom que l’un des morceaux de la tracklist, ces deux mots évoquent une certaine mélancolie. Une mélancolie qui fait écho au reste de l’album, avec des morceaux sensibles qui nous font voyager. Après avoir travaillé pendant 5 ans sur cet EP, il a fini par trouver sa façon bien à lui de nous transporter dans son univers musical. Si l’EP ne contient que 5 morceaux, l’album sortira prochainement, pour notre plus grand plaisir.
Worldzine : Vous avez commencé à travailler sur cet EP il y a plusieurs années maintenant. Quand on écoute des morceaux qu’on a composé il y a 5 ans, ça fait quel effet de les entendre à nouveau 5 ans après ?
Aliocha : Au niveau des arrangements, il faut changer. Je les transforme pour être capable de les chanter encore. Je crois qu’en fait il y a une seule chanson qui a vraiment 4 ans. Si j’arrive encore à la chanter je me dis que c’est peut-être qu’elle a quelque chose de bien, si elle arrive encore à me toucher. Mais elle me touche différemment parce que c’est une chanson d’amour et aujourd’hui je trouve ça naïf, mais je trouve ça beau pour sa naïveté, alors qu’à l’époque j’y croyais vraiment. C’est une chanson qui n’est pas sur l’EP mais qui sera sur l’album. Dans l’EP c’est des chansons plus récentes.
WZ : L’album arrive dans combien de temps ?
Aliocha : Je sais pas si je peux l’annoncer encore mais il arrive bientôt. Il est enregistré en fait je l’ai sur mon téléphone là ! [rires]
WZ : Si je vous dis que vous devez choisir un seul morceau de votre EP pour présenter votre musique à quelqu’un, vous choisissez lequel ?
Aliocha : C’est dur… Il se trouve qu’on a choisi Sorry Eyes comme single mais après ça dépend. Je choisirais peut-être Sarah, parce que Sarah a un côté acoustic et un côté plus rock, qui sont je trouve deux facettes de ma musique.
WZ : En ce moment vous avez beaucoup de succès. Entre C à vous, France Inter, le festival des Inrocks… Vous êtes stressé en live ?
Aliocha : C à vous ça a été hyper stressant. En fait c’est mon premier voyage en France pour la musique et je m’attendais pas du tout à ça. Même France Inter, je m’attendais pas à ce qu’on me reçoive là bas. Et ouais, C à vous c’était un stress pas possible. Il y avait Ken Loach qui était là, dont je suis absolument fan. J’avais mon concert le soir même en fait, mon premier concert à Paris. Mais du coup ça m’a vraiment relaxé quoi, parce que tout le stress est passé à C à vous puis après de jouer devant des vrais gens le soir c’était sympa.
WZ : Il y a des astuces pour surmonter son stress pendant les live ?
Aliocha : Je sais pas trop en fait. Le stress ça peut être positif aussi. J’ai joué au théâtre quand j’étais plus jeune et je me rappelle d’une représentation où j’étais pas stressé du tout. Du coup, ça m’avait angoissé, ça m’avait pas donné le stress nécessaire mais ça m’avait angoissé de me dire « Comment je vais avoir la force pour tenir » quoi. Donc si c’est bien canalisé je trouve que le stress ça peut être bon.
WZ : Votre père il était professeur de théâtre. Est-ce que ça a été un atout pour apprendre à maîtriser votre stress par exemple ?
Aliocha : Peut-être. Mon père me faisait boxer dans le vide quand j’étais petit avant de monter sur scène pour pousser en avant tout ce stress et cette énergie qu’il y avait en moi, pour avoir quelque chose de combatif. Ça c’est un truc qu’il m’avait donné, aujourd’hui je le fais plus forcément mais oui je crois que ça m’a aidé.
WZ : Sarah Bernhardt disait que de toute façon le stress ça vient avec le talent. Vous êtes d’accord avec ça ?
Aliocha : Je sais pas trop, oui. J’écoutais Léonard Cohen justement, qui disait qu’après toutes ces années, il vomissait toujours avant de rentrer sur scène, et c’est Léonard Cohen quoi. Donc j’ai le droit d’être stressé.
WZ : Pour l’instant vous avez fait pas mal de live. Sur youtube il y a aussi une vidéo de la version acoustique de Sarah. Vous avez prévu de sortir un clip ?
Aliocha : Oui oui oui ! Ça a été compliqué mais on y travaille et ça va venir. Je sais sur quel morceau mais je sais pas si je peux le dire encore ou pas… [rires] Le mystère, les gens vont bien se demander !
WZ : On laisse le suspens alors ! On parlait du morceau Sarah alors justement, Sarah c’est une vraie personne ou une totale invention ?
Aliocha : C’est une vraie personne, c’est un autre secret, mais elle existe, elle existe ! [rires] J’étais amoureux d’elle pendant des années. Mais au moment où j’ai écrit la chanson c’est drôle parce que j’étais plus amoureux, c’est un amour d’enfance quoi. Sarah c’est plutôt la personne qui revient dans notre esprit de temps en temps. On y a pas pensé pendant des mois et tout d’un coup on fait un rêve, on y repense et on se réveille on est un peu troublé on sait pas pourquoi, ça dure 48h et puis ça passe, c’est un peu ça.
WZ : Vous avez toujours eu envie de faire de la musique folk ou vos envies ont parfois varié ?
Aliocha : J’ai énormément écouté de folk alors ça s’est fait naturellement. Plus récemment je me suis intéressé à d’autres styles musicaux et du coup mes compositions sont allés dans ce sens là. Je prends pas la guitare en me disant que je vais composer une chanson folk, c’est simplement des influences.
WZ : Ces influences, c’est celles de quels artistes ?
Aliocha : J’ai tellement écouté Bob Dylan dans mon adolescence que j’ai l’impression que ça fait partie de moi. John Lennon, les Beatles, Elliott Smith… C’est difficile de savoir. Il y a une chanson que je pourrais avoir entendu qu’une fois même sans m’en rendre compte et ça va m’influencer sans que je le sache quoi.
WZ : Au début de votre carrière, vous faisiez plutôt des reprises. C’est quand la première fois que vous vous êtes dit « J’arrête les reprises, je fais mes morceaux à moi » ?
Ça m’avait vraiment fait hyper plaisir d’entendre ce gamin chanter ce refrain et j’ai voulu répéter l’expérience après
Aliocha : Vers 15-16 ans, pour m’amuser tout simplement. Ce qui s’est passé c’est que j’étais moniteur dans un camp de vacances pour des enfants défavorisés. Je leur jouais des chansons autour du feu et j’ai épuisé mon répertoire après deux semaines, du coup j’ai improvisé un truc et c’était passé un peu incognito comme ça à travers le reste, du coup j’étais super fier. Le lendemain il y a un gamin qui a chanté le refrain que j’avais improvisé la veille du coup je me suis dit « je suis un génie » quoi c’est cool ! [rires] Non mais ça m’avait vraiment fait hyper plaisir d’entendre ce gamin chanter ce refrain et j’ai voulu répéter l’expérience après tout simplement.
WZ : Vous venez d’une famille d’artistes. Vos frères ils sont acteurs. On connaît Niels pour son rôle dans un film Xavier Dolan par exemple. Est-ce que ça a été un coup de pouce pour vous d’avoir une famille très artistique ?
Aliocha : Je pense que ça a été un coup de pouce, pas professionnellement mais dans mon développement artistique. Pouvoir échanger avec eux au niveau de la culture, des films qu’on voyait, de la musique… Une réflexion sur l’art en général mais qu’on peut avoir avec des amis aussi quand on a pas une famille qui est là dedans. Oui, avoir ça à la maison ça a forcément aidé.
WZ : À la base vous avez commencé une carrière d’acteur quand vous étiez jeune pour finalement vous tourner vers la musique. Quand est-ce que vous avez eu le déclic qui vous a fait vous dire que vous vouliez faire de la musique plutôt ?
Aliocha : En fait à la base mon premier rêve c’était d’être chanteur. J’ai dit à mes parents que je voulais suivre des cours de chant, tout ça. Du coup quand j’ai commencé à jouer la comédie je chantais déjà en fait. Mais à 10 ans on se dit qu’on veut être chanteur mais on fait pas de démarches vraiment pour être chanteur, à part prendre des cours et tout ça… En tant que comédien, j’ai commencé à travailler professionnellement à partir de mes 11 ans. Du coup ça faisait de moi, on peut dire un « acteur » puisque j’étais payé pour faire ça, alors que chanteur ça restait amateur. La musique a continué à se développer parallèlement et je suis arrivé à terme plus tard.
WZ : Vous pensez des fois à retourner vers le cinéma ?
Aliocha : Oui. Mais simplement, la musique commence à me prendre du temps et aussi dans ma tête j’ai vraiment l’impression d’être dans la musique en ce moment. Du coup, je choisirai des films qui m’intéressent vraiment. Quand on veut être qu’acteur, j’ai l’impression que parfois il faut faire des choix. Pour gagner sa vie, tout simplement, il faut travailler et on est obligé d’accepter des projets qui nous intéressent peut-être un peu moins de temps en temps pour se faire sa place et tout ça. Là c’est sûr que j’ai moins envie de faire ça, et j’ai envie de travailler qu’avec des gens avec qui j’ai envie de travailler et qu’avec des scénarios qui m’inspirent quoi.
WZ : Vous aimeriez mêler le cinéma et la musique ?
Aliocha : Pour moi c’est tellement deux choses différentes… Pourquoi pas, peut-être sur un projet si ça arrive comme ça, mais dans ma tête c’est vraiment deux choses différentes.
WZ : Pour l’instant les prochains projets ce sont le clip et l’album, vous ne pouvez rien nous dévoiler ?
Aliocha : Pour l’album je sais pas ce que je pourrais vous dire… Ce sera excellent ! [rires] Le clip ce sera sur un morceau qui va se retrouver à la fois sur l’EP et à la fois sur l’album, donc c’est… Ah mais je peux pas ! Non je crois que je peux pas le dire…